FINLANDE 2005 "de la Russie à la mer Baltique".
L'accident.
Il fait beau, nous sommes sur une plage de sable. La descente de la Lijoki est terminée, alors on a un peu de temps devant nous. Je décide de tester mon cerf-volant de traction. Il devait nous servir en canoë pour nous faire tracter lorsque les conditions sont favorables. Sur le fleuve Li, nous avons malheureusement eu tout le temps le vent de face (donc pas de cerf-volant) mais nous voulons faire un test pour les prochaines expéditions. Je n'ai mon cerf volant que depuis un mois mais je sais le piloter car j'ai déjà fait un stage de parapente. Au mois de juin, je devais faire un test sur la plage de Saint George de Didonne. Mais avec les trois enfants à surveiller, j'ai manqué de temps pour installer "le frein" (cette ligne fait tomber la voile lorsqu'on lâche la barre en kite surf).
Au bord de la mer Baltique, au sol il y a peu de vent car la végétation nous protège. Je ne prend pas le temps d'installer la ligne de sécurité car je suis impatient de faire un essai et cette erreur va vite être sanctionnée. Pendant toute l'expédition nous avons été très attentif à la sécurité. Cette dernière terminée mon attention est retombée tout comme le stress de ne pas réussir à vaincre le fleuve. Lorsque la voile prend de l'altitude, elle tracte énormément car plus haut le vent est fort. Je glisse sur le sable et mon pied droit heurte une grosse pierre. Le choc est violent. Mon pied est sur le côté. Ma cheville est cassée. Jean-Philippe part prévenir les secours. Avec Kinou, on enlève ma chaussure de randonnée car ma cheville enfle très vite. Mon frère revient et avec notre cousin, ils me déposent dans un canoë pour me déplacer jusqu'à un chemin de terre où la voiture d'un habitant m'attend. Nous sommes sur une île et nous la traversons. Dans le véhicule, je vois mon pied se balancer. Je n'ai pas mal et cela m'étonne. La voiture monte sur un bac artisanal (une plate-forme sur des tonneaux) tracté à l'aide d'une corde. Sur l'autre rive une ambulance m'attend. Mes compagnons d'expédition ont vraiment assuré. Ils ont été rapides et efficaces. Le lendemain, je suis opéré à l'hôpital d'Oulu. Jean-Philippe vient me voir et Kinou plie le camp et un kayak. Il remonte le fleuve jusqu'à Li tout seul avec tout le chargement de l'équipe. Je rentre en France deux jours après en prenant deux avions en classe affaire s'il vous plait. Je m'offre même le luxe de refuser ma bouteille de champagne (à cause des médicaments). Pendant ce temps mes compagnons galèrent à l'aéroport pour des problèmes de surcharge à cause de mes bagages...Leur dévouement n'a pas de limite. Merci à eux.
Malgré cet accident, en ce qui me concerne, La Finlande 2005 restera une très bonne expérience car le fleuve a été descendu intégralement malgré le vent de face et les barrages. Si ma fracture avait eu lieu avant l'arrivée sur la mer, j'aurai été déçu par l'absence de l'émotion de la victoire. J'ai aussi appris qu'il ne faut jamais relâcher son attention et négliger la sécurité même quand les objectifs sont atteints car en expédition dans les régions arctiques, la Nature nous le fait vite payer.