Alaska 2010 "au delà des rêves..."
Le grizzli.
Le grizzli est un animal de taille relativement grande, bien qu'il soit la moins grande des sous-espèces de l'ours brun. Un mâle fait entre 150 et 250 cm avec une queue de 10-15 cm. Au garrot le mâle adulte atteint 1 m. Son poids varie de 180 et 500 kg à 750 kilos (jusqu'à 1 tonne pour l'ours kodiak) pour le mâle et de 90 à 270 Kg pour la femelle.
Fourrure:
Son pelage présente un dégradé de blond, brun et noir ou un mélange des trois. L'extrémité des poils de son pelage a souvent une teinte grise ce qui lui vaut son nom (en anglais grizzle est une perruque de cheveux gris). Sa robe peut atteindre une épaisseur de 6 cm. Chaque année, les ours perdent leur ancienne fourrure d'hiver en se grattant ou se frottant contre un arbre. Le grizzli a une espérance de vie moyenne de 30 ans.
Performances physiques:
Les pattes avant et les épaules du grizzli sont particulièrement massives et puissantes et lui permettent de creuser et de courir très vite. Sa tête, elle aussi massive et ronde, présente un profil concave. En dépit de son poids et de sa taille, le grizzli est capable d'atteindre plus de 66 km/h à la course. Les grizzlis sont, de manière générale, moins bons grimpeurs que les ours noirs, notamment en raisons de leurs griffes plus longues et moins recourbées, mais de nombreux individus savent néanmoins grimper aux arbres pour dénicher du miel ou poursuivre une proie. Le grizzli est un excellent nageur. Il utilise ses griffes pour se battre, chercher sa nourriture et marquer son territoire sur le tronc des arbres.
La vue du grizzli est considérée comme à peu près équivalente à celle d'un homme, tandis que son ouïe serait un peu plus fine. En revanche, son odorat est développé à l'extrême. Il peut sentir une charogne à 30 km de distance. Le grizzli se dresse souvent sur ses pattes arrière à la fois pour mieux voir et pour mieux sentir un objet ou un animal qui l'intrigue. Cette posture lui permet également de se grandir lors d'un affrontement avec un congénère.
Les Amérindiens l'appellent aussi « frère des hommes » car lorsqu'il se lève sur ses deux pattes on dirait une espèce d'homme.
Le grizzli était initialement présent en Asie, en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord. Il préfère les terrains semi ouverts, généralement dans les régions montagneuses. Au Canada, on le trouve en Colombie-Britannique, en Alberta et au Yukon. Il fréquente également la péninsule du Kamtchatka en Russie. Aux États-Unis, il existe 1 100 à 1 200 grizzlis en dehors de l'Alaska répartis dans les États du Montana, de l'Idaho, du Wyoming et de Washington. Depuis 2007, le grizzli n'est plus considéré comme une espèce menacée au Yellowstone. En 1975, la population de grizzlis était estimée entre 136 et 312 individus ; aujourd'hui, on en compte plus de 500.
Mais c'est en Alaska que l'espèce est la plus représentée : cet État d'1,5 million de km² abrite 98 % des ours bruns des États-Unis et 70 % de ceux répertoriés en Amérique du Nord. Leur population est estimée entre 35 000 et 45 000 individus. Les spécialistes ont recensé 3 000 individus de l'ours kodiak rien que dans l'archipel Kodiak. Ils sont protégés dans les grands parcs nationaux d'Alaska : par exemple, dans le parc de Katmai, la chasse à l'ours est interdite depuis 1907. En dehors de ces réserves naturelles, elle est autorisée mais il est interdit de tuer les mères et leurs petits.
Régime alimentaire:
Le grizzli accumule 200 kg de graisse afin de traverser l'hiver dans un état de léthargie qui n'est toutefois pas une réelle hibernation. Le grizzli est omnivore, il se nourrit de plantes et de baies, de racines, de pousses et de fougères mais aussi de poissons, des palourdes, des insectes et de petits mammifères. Au total, 90 % de son régime alimentaire est végétal. En juin, l'herbe est grasse et mille fleurs y éclosent. Le grizzli les connaît par cœur : il ne les broute pas comme une vache, mais cueille avec soin les pousses les plus succulentes. Il connaît même, disent certains, leurs vertus médicinales.
C'est un animal solitaire qui se réunit toutefois le long des torrents et rivières pendant la période où les saumons ainsi que les truites remontent le courant pour frayer. Vif comme l'éclair, il attrape les saumons à coups de patte.
Le reste de l'année, il s'attaque parfois aux moutons, aux vaches et aux cervidés. Il dévore surtout les plus affaiblis et les charognes.
Habitat et pseudo-hibernation:
En octobre, les pentes au nord se couvrent de blanc. Avant de gagner la tanière fermée par la neige où il dormira tout l'hiver, le grizzly gratte et peigne sa fourrure hivernale toute neuve qu'il perdra au printemps. Il se choisit une tanière protégée, une grotte, une crevasse ou un tronc creux pour passer les mois d'hiver à dormir. On a pu calculer qu'il passe environ la moitié de son existence en état de pseudo-hibernation. Contrairement à l'ours noir, le grizzly ne dort pas dans un profond sommeil: si on l'attaque il peut se réveiller et donc se défendre ce qui n'est pas le cas de la plupart des ours.
Reproduction:
Le grizzli peut se reproduire dès l'âge de 4-6 ans. Le mâle dominant s'accouple avec plusieurs femelles à la fin du printemps. Chaque année, la femelle donne naissance de un à quatre petits qui ne sont pas plus gros que des rats à la naissance (un kilo). Les oursons naissent en janvier ou février dans les ténèbres de la tanière maternelle, la gestation durant environ 7 mois. Ils sont allaités par leur mère jusqu'à 18 mois. Les jumeaux sont fréquents. Les oursons quittent leur mère dans leur troisième ou quatrième année. Cependant, deux tiers des oursons meurent avant d'atteindre leur premier anniversaire. Certains mâles tuent les oursons des portées.
Le grizzli n'est pas un animal territorial, au sens où il ne défend pas un territoire exclusif contre ses congénères. En général, les territoires des différents individus se chevauchent les uns les autres. Ces territoires peuvent être assez grands dans les zones modérément riches en nourriture, ou très réduits dans certaines zones riches en saumon sauvage du Nord-Ouest de l'Amérique du Nord. Dans ces dernières, on peut rencontrer un grand nombre de grizzlis, plus aisés à approcher qu'ailleurs en raison d'une sensibilité moindre du fait du contact permanent avec leurs congénères. En effet, s'il ne défend pas de territoire, le grizzli défend un « espace personnel » qui peut aller d'une cinquantaine de mètres dans les régions où il vit solitaire à beaucoup moins dans les régions de forte concentration. Cela signifie que si un congénère, ou un homme, pénètre dans cette zone, il déclenchera soit une fuite, soit une attaque.
La plupart des attaques contre les hommes en Amérique du Nord sont dues à une irruption dans l'espace personnel de l'ours, trop rapide ou dans des conditions telles (absence de visibilité due à la végétation par exemple) que l'ours n'a pas eu le temps de s'éloigner. La présence d'oursons que la mère protège, ou d'une carcasse d'animal dont l'ours était en train de se nourrir, augmentent également la sensibilité de l'ours à une approche humaine et accroissent la probabilité que l'ours choisisse l'attaque plutôt que la fuite. Une telle attaque, dite défensive, se limite souvent à une charge interrompue juste avant le contact avec l'homme. Elle peut cependant, dans certains cas, aller jusqu'au contact et à des blessures graves ou mortelles pour la victime (environ 3 morts par an dans toute l'Amérique du Nord). Il arrive enfin que le grizzli ait, mais dans des cas extrêmement rares, un comportement de prédation envers un homme.
Il convient de noter qu'on ignore encore beaucoup du comportement et des mœurs du grizzli, la majorité des observations étant faites dans des endroits à forte concentration d'ours où leur comportement est sans doute très différent de celui des ours plus solitaires. Cette méconnaissance explique en partie, avec la complexité inhérente au comportement animal, la réputation du grizzli d'être imprévisible.