Alaska 2010 "au delà des rêves..."

Nous sommes bien reposés. Nous plions le camp et Kinou part prendre de l'eau. Mais l'ours revient au même moment. Hilmar (surnom de Kinou en expédition) n'a pas le temps de prendre le précieux liquide et revient à la tente. Heureusement le grizzli s'en va et nous partons le plus vite possible. Nous pagayons avec un vent arrière. Nous nous arrêtons sur une plage avec des palourdes géantes à volonté. Des bancs de saumons attendent la marée haute juste à la sortie de la rivière en mer .Un bateau passe lentement tellement il est plein de saumons. Il est bas sur l'eau et a du mal à avancer.
Sur la plage de notre précédent campement, un ours rode. Nous l'observons quelques instants (c'est peut-être le grizzli des grognements et de la tanière). Puis nous arrivons au portage que nous effectuons en une heure. Nous n'étions pas très rassurés. Ensuite, nous attendons l'apogée de la marée haute pour passer facilement les 500 mètres de ruisseau qui mènent au fjord Port Frederick. Mais, au bout de 15 minutes seulement, un ours énorme rode à l'endroit même où nous avions déposé notre matériel (au bord d'un petit lac après le portage). Nous le surveillons. Nous crions et faisons de grands gestes avec les bras. Mais il s'approche tranquillement et la marée n'est pas encore assez haute pour repartir (nous avons des graphiques très précis pour chaque marée). Très vite j'effectue un petit portage de 100m pour nous éloigner un peu du grizzli et gagner quelques minutes sur la marée. Kinou garde un contact visuel avec l'ours qui nous piste. Suite au petit portage, nous récupérons quelques centimètres d'eau et tirons les bateaux dans le ruisseau en nous retournant continuellement. Au bout de 5minutes, un puissant courant de marée arrive enfin. Mais nous ne pouvons le remonter à la pagaie. Nous continuons alors à tirer les kayaks avec de l'eau jusqu'aux cuisses pour nous éloigner du prédateur. Cet ours ne se comportait pas comme les précédents qui s'éloignaient à notre vue au bout d'un certain temps (de 5 à 30 minutes). Contrairement aux autres, celui-ci s'approchait malgré nos cris. C'était un gros mâle dominant.
Après cette aventure, nous rejoignons le fjord. Le vent est favorable et nous rentrons sans pause à Chimey Rock. Nous montons le camp sur notre rocher et nous dormons 12 heures.